La Légende de Neelshy - Histoire additionnelle au contexte

La Légende de Neelshy

Pour la petite histoire...

Neelshy… beaucoup scandent son nom. Surtout les anciens. C’est à eux que revient l’obligation de léguer sa légende aux nouvelles générations. Car jamais elle n’a voulu qu’on lui dédie une fête, ou même un autel. Pour elle, la simple parole doit suffire. Alors aujourd’hui, c’est moi qui vais vous conter son histoire.

            Neelshy était une coyote wyrdienne. Abandonnée par ses parents aux Ecoles de St.Evalarius en l’an 986, elle a grandi dans un lieu sauvage et austère. Perdu dans la campagne. Elle n’a jamais eu d’amis à l’école. Vous la croyez associable ? Vu les futurs gestes de la coyote dont tous doivent se souvenir, je doute que Neelshy ait été associable envers ses camarades. Alors qu’est-ce qui clochait ? Elle… on raconte que ses cheveux étaient pourpres, comme les tatouages qui lui parcouraient le corps.  Ses yeux plus clairs glaçaient la chair des plus grands gaillards du village. Certains la prenaient pour une créature diabolique. Mais c’était juste une enfant ! De plus, celle-ci avait un don : elle voyait des choses… qui ne s’étaient pas encore produites. Et la plupart du temps, ces visions, ou plutôt rêves prémonitoires, arrivaient fatalement. Neelshy avait ses propres pensées. Ses maîtres d’école l’obligeaient à adorer Pal, le dieu wyrdien. Elle le faisait à contre cœur, car pour elle, le seul dieu à adorer était Milkin. Celle qui a tout créé. D’ailleurs, lorsque la petite coyote se rendait aux éclipses estivales avec ses maîtres, elle était la plus heureuse des petites filles.

            Neelshy vieillit. L’an 1000 approchait et déjà la petite avait des terribles maux de tête lorsqu’une crise la prenait et lui montrait une grande guerre qui aurait lieu après une éclipse estivale. Elle se passerait pendant une Lune Rouge. Personne ne la croyait, tous la prenaient pour une folle. Alors elle se taisait, endurant la souffrance en silence.

            Pour la première fois de sa vie, Neelshy eut peur de se rendre à Chibal pour l’éclipse estivale. Elle avait quatorze ans et l’an 1000 était là. Alors que ses maîtres commençaient à danser et boire sans la surveiller, la petite s’éclipsa jusqu’à trouver trois personnes discutant. Elle trouva la discussion bizarre. Le ton montait entre les deux hommes tandis que la femme essayait de calmer le jeu. Puis se sentant épiés, ils dévisagèrent Neelshy. La femelle se précipita sur elle pour la protéger et les deux hommes recommencèrent à se quereller. Soudain la bagarre éclata et la lune devient rouge. Des voix puissantes sortirent de leurs gorges et ils ordonnèrent à leur peuple de se battre. Neelshy comprit qu’elle venait de rencontrer les dieux. La femme, soit Aloa, entraîna Neelshy avec elle en hurlant à tous les Okikus qu’elle croisait de la suivre. Après une course effrénée de tout un peuple pour fuir, ils s’arrêtèrent à la limite de leur territoire, en bordure des montagnes. La déesse sépara son pays du continent. Lorsque tout se fut enfin calmé, et le peuple se demandant ce qu’il se passait, la déesse dévisagea Neelshy avec peur. Elle se volatilisa avec la coyote et réapparut sur une île avec des magnifiques chutes d’eau. On nommera plus tard ces dernières les Chutes de Ramariv. Neelshy était émerveillée et paralysée. Aloa prit alors de l’eau dans ses mains et passa un pacte avec la petite. En échange de son silence sur l’apparence des dieux, la déesse lui accorderait un souhait. Si Neelshy le rompait, elle mourrait. La coyote, alors pleine de maturité, demanda à ne plus vieillir jusqu’à ce que Milkin revienne dans ce monde. Aloa ri, mais lui accorda son souhait, enfin... plutôt... la maudit.

            On se sait pas ce qu’il advint de Neelshy pendant plus d’un siècle. Les hypothèses sont multiples. Cependant, la plus populaire serait qu’elle aurait essayé de parcourir le monde et de prédire bon nombre de choses. Mais que personne ne l’aurait écoutée. Puis, lorsqu’un siècle plus tard une nouvelle éclipse estivale fut prévue, Neelshy vogua à travers les îles en répandant la nouvelle. Puis elle voulut se rendre à Jarsha où elle faillit perdre la vie quand des soldats voulurent l’assassiner.  Elle rentra en Wyrda, où les riches lui rirent au nez et où les pauvres implorèrent sa pitié.

            C’était l’été de l’année 1100. Neelshy et une dizaine de personnes firent la fête en l’honneur de Milkin dans les ruines de Chibal. On raconte que cela aurait été la plus merveilleuse qu’il y ait jamais eu. Et pourtant, cette fête ne fut célébrée qu’avec une dizaine de personnes.

            Après la semaine de festivités, Milkin apparut au groupe qui n’avait pas oublié leur origine. Troublée par la lumière, Neelshy comprit tout de suite que c’était Milkin, en sentant la malédiction se rompre. Devant la colère de la grande déesse, les fêtards lui racontèrent la misère du monde. Sous les yeux effarés de ses compagnons, la coyote aurait à son tour conté sa propre histoire à Milkin. Cette dernière remercia et congédia le groupe. Sauf la coyote. Elle lui donna la mission de rétablir la paix. La grande déesse ne voulait plus s’impliquer directement dans les histoires de ses mondes. Pour tout de même aider Neelshy dans sa tâche, elle lui accorda la capacité de contrôler le vent, la terre, l’eau, le feu, la lumière, l’ombre, le poison, la foudre, la nature et la glace. Tout en précisant à la divinatrice que ces capacités disparaîtraient quand sa mission serait remplie.

            Vous avez deviné n’est-ce pas ? Neelshy accomplit l’impossible. Grâce aux éléments, elle aida les paisibles Okikus à braver les tempêtes et à terminer d’ériger Menoa. Elle montra à ce peuple de la mer que leur archipel était merveilleux et que tout n’était pas que négatif. Elle parla, parla, encore et encore. Leur contant que tout ce qui se produisait n’était possible que grâce à Milkin. Ils retrouvèrent la foi en la grande déesse ainsi qu’en Aloa. Ils promirent à la coyote que dès que la guerre sur le continent prendrait fin, ils reviendraient sur ce dernier  pour rétablir le commerce. Neelshy rentra ensuite dans son pays natal. Grâce aux pouvoirs de la lumière et de la nature, elle guérit les malades et les soldats gravement blessés. Ces derniers, époustouflés, écoutèrent ses paroles. Ils se relevèrent et rallièrent la cause de Milkin. L’armée wyrdienne marcha une dernière fois vers l’armée jarshienne. S’affrontant et faisant couler le sang sur la tristement célèbre plaine de Pyna’Sia. Neelshy guida les troupes et elles sortirent victorieuses, grâce à son don de voyance. Après cette bataille, la coyote se rendit en plein cœur de la capitale jarshienne, soit à Ynnea. Elle alla rencontrer l’empereur dans son palais. Elle lui prédit qu’elle le foudroierait pour mettre fin à la tyrannie. Ce qu’elle fit quelques secondes plus tard alors qu’il lui riait au nez.

            Le tyran mort, les pouvoirs élémentaires quittèrent alors Neelshy. Cependant cette dernière ne fit pas qu’éliminer le tyran dans ces éclairs. Mais elle liquida aussi tous les sbires du défunt. Elle calma les rébellions avec de sages paroles et désigna un nouvel empereur. Noble, mais juste. La lignée des lions régnant sur Jarsha débuta ce jour-là. Elle se rendit ensuite à Chibal, où elle retrouva les quelques adorateurs de Milkin. Cette dernière apparut de nouveau devant eux. Elle remercia la coyote et lui offrit l’amplification de son don. La grande déesse nomma ensuite cette dizaine de personnes Prêtres Chibaliens. Ils furent les premiers à régner sur la cité et à la reconstruire. Qui, guidés par Neelshy, assurèrent la paix éternelle à Chibal et des relations un peu moins tendues sur le reste du continent. Ils guidèrent les premiers êtres à posséder un don tout en promouvant la parole de Milkin.

            Depuis sa malédiction, Neelshy a vieilli et est morte de vieillesse. Cependant, nous nous devons de promulguer sa légende. Car sans elle, peut-être que Milkin ne nous aurait pas aidés. Peut-être que si elle n’avait pas été aussi dévouée à un âge précoce, son vœu aurait été égoïste. Merci de nous avoir offert ta vie, Neelshy, première divinatrice.

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